INTITULE OFFICIEL DE L’HABITAT
Forêts alluviales à Aulne glutineux et Frêne commun
Aulnaie-frênaie marécageuse en val de Seugne (Photo :Jean terrisse)
STATUT
Au niveau européen :
Habitat menacé et prioritaire (Annexe I de la Directive Habitats, code 91E0*)
En Région Poitou-Charentes :
- valeur patrimoniale régionale :
- niveau de rareté régionale :
- niveau de menace :
REPARTITION
Sur le site
Cet habitat constitue l'essentiel des boisements présents le long de l'Antenne et de ses affluents. Il est parfois en mélange avec d'autres habitats naturels - tels que les "ormaies-frênaies des grands fleuves" sur les banquettes supérieures du lit majeur, ou des aulnaies marécageuses dans les secteurs très longuement inondables. Ceci est fonction de la microtopographie du sol, de la proximité du cours d'eau...
Cet habitat est très diversifié et se décline en 3 faciès bien distincts qui ont chacun une écologie et une répartition propres :
1 - L’aulnaie-frênaie à Laîche espacée Carex remota, riveraine des petits ruisseaux, s’observe le long des petits affluents de la rive droite de la Charente : tout le long du Coran et, plus ponctuellement (secteurs amont), en bordure du Bourrut, de l’Escambouille, du Rochefollet et du Bramerit.
2 - La frênaie-ormaie atlantique à Ronce bleue Rubus caesius occupe les rives du fleuve Charente et de la Seugne ainsi qu’une grande partie du lit majeur de la basse vallée de la Seugne. Sa présence dans la vallée de la Charente est probable mais elle est alors très difficile à distinguer de la frênaie oxyphylle précédente (habitat 91F0) !
3 - L’aulnaie à Reine des prés Filipendula ulmaria est quant à elle beaucoup plus localisée en raison de ses exigences écologiques : marais des Breuils en val de Seugne et quelques secteurs aval des affluents de la Charente (Bramerit, Bourrut, Escambouille et Rochefollet).
Répartition globale de l’habitat 91EO* sur le site
Sur les autres sites Natura 2000 français :
CARTE (Fiche du Cahier d’habitats)
PHYSIONOMIE-ECOLOGIE
1 - L’aulnaie-frênaie à Laîche espacée forme en général une galerie étroite en bordure des ruisseaux à courant moyen à vif sur des alluvions argileuses, limono-sableuses ou sablo-limoneuses. Le sol, assez riche en matière organique dans son horizon supérieur, reste toutefois correctement aéré en période de végétation et l’activité biologique (minéralisation) y est satisfaisante.
Physionomiquement, l’Aulne glutineux Alnus glutinosa est l’essence prépondérante, notamment sur les banquettes alluviales basses ; en situations plus élevées (banquettes hautes), les frênes (commun et oxyphylle) viennent concurrencer l’aulne.
2 - La frênaie-ormaie atlantique occupe la partie inondable des rivières atlantiques à courant lent, dans la zone de débordement lors des crues, sur des sols alluviaux peu évolués : alluvions sablo-limoneuses, limoneuses ou calcaro-limoneuses, plus ou moins filtrantes. Une nappe d’eau circulante en profondeur est à l’origine d’un horizon réduit gris bleu (sol à gley).
Physionomiquement, il s’agit de frênaies-ormaies où les frênes - oxyphylle, commun et hybrides - sont dominants, accompagnés d’un peu d’Aulne glutineux et, très rarement, par le Chêne pédonculé Quercus robur.
3 - L’aulnaie à Reine des prés occupe quant à elle les secteurs où la stagnation durable de l’eau à faible profondeur (battement faible de la nappe) provoque une certaine accumulation de matière organique, même si à la surface l’activité biologique et les phénomènes de nitrification restent très actifs. Typiquement, ce faciès apparaît dans les dépressions marginales du lit majeur, plutôt à distance du lit mineur, en arrière de la zone surélevée par les dépôts alluviaux successifs. En conditions fortement engorgées, l’Aulne glutineux domine seul, mais les frênes apparaissent dès que le rabattement de la nappe est un peu plus marqué.
Un Aulne glutineux centenaire sur l’île de la Rabaine (photo : E. Champion)
ESPECES INDICATRICES
- 1 - Laîche penchée Carex pendula, Laîche espacée Carex remota, Circée de Paris Circaea lutetiana, Groseillier rouge Ribes rubrum, Grande ortie Urtica dioica, Oseille sanguine Rumex sanguineus
- 2 - Ronce bleue Rubus caesius, Fétuque géante Festuca gigantea, Grande ortie Urtica dioica, Consoude officinale Symphytum officinale, Brachypode des bois Brachypodium sylvaticum
- 3 - Reine des prés Filipendula ulmaria, Iris faux-acore Iris pseudacorus, Grande salicaire Lythrum salicaria, Lycope d’Europe Lycopus europaeus, Baldingère Phalaris arundinacea
Les fruits de la Ronce bleuâtre sont couverts d’une pruine bleue qui s’efface au doigt (photo : J. Terrisse)
VALEUR BIOLOGIQUE ET ESPECES ASSOCIEES
Deux des 3 faciès de l’habitat sont susceptibles d’abriter des espèces végétales rares ou menacées :
- 1 - Parisette à 4 feuilles Paris quadrifolia, Julienne des dames Hesperis matronalis, Véronique des montagnes Veronica montana, Groseillier rouge Ribes rubrum, Cardamine des bois Cardamine flexuosa
- 3 - Euphorbe des marais Euphorbia palustris, Grande douve Ranunculus lingua
La Parisette à quatre feuilles en vallée du Bourrut (Photo : E. Champion)
MENACES
Les différents faciès de l’aulnaie-frênaie sont devenus rares partout en France, victimes d’un processus d’intensification croissant passant d’abord par un défrichement pour transformation en prairie semi-naturelle, puis conversion de la prairie en culture de maïs. La plantation de peupliers - si elle ne détruit pas directement l’habitat - altère cependant sa structure et sa composition botanique plus ou moins profondément selon les modalités de culture populicole employées.
ELEMENTS DE GESTION
La conservation des aulnaies-frênaies repose avant tout sur celle du cours d’eau et de sa dynamique. Les transformations sont à proscrire et l’exploitation doit se limiter à quelques arbres avec maintien d’un couvert permanent.
En savoir plus...
- Fiche générique du Cahier d’Habitats National
Auteur : Jean Terrisse - LPO 2007
Crédit photographique : Emmanuelle CHAMPION, Jean TERRISSE
Cartographie SIG : Jean TERRISSE - LPO 2007