Les Mégaphorbiaies eutrophes

INTITULE OFFICIEL DE L’HABITAT

Prairies humides semi-naturelles à hautes herbes


Mégaphorbiaie se développant après l'effondrement d'une peupleraie suites aux tempêtes - (photo : E. Champion)

STATUT

Au niveau européen : 

Habitat menacé (Annexe I de la Directive Habitats, code 6430)

En Région Poitou-Charentes :

  • valeur patrimoniale régionale :
  • niveau de rareté régionale :  
  • niveau de menace :

 

REPARTITION

Sur le site

Les végétations hygrophiles à hautes herbes - ou mégaphorbiaies - sont présentes potentiellement sur l’ensemble du lit majeur de l'Antenne et de ses affluents où elles occupent des biotopes très variés pourvu que l’alimentation en eau soit suffisante et que les actions anthropiques y soient nulles ou faibles : bordure des cours d’eau et des fossés, prairies abandonnées, clairières et coupes des différents types de forêts alluviales (frênaies, aulnaies), lisières, bords des chemins...

 

Répartition de l’habitat 6430-6440 sur le site

 

 

Sur les autres sites Natura 2000 français

Habitat 6430 : CARTE (Fiche du Cahier d’habitats)
Habitat 6440 : CARTE (Fiche du Cahier d’habitats)

 

PHYSIONOMIE-ECOLOGIE

L’habitat, très diversifié sur le site, comporte au moins 7 faciès différents qui possèdent une structure et une composition végétale spécifiques et peuvent être regroupés en 2 grands ensembles :

  • 1- Mégaphorbiaies poussant sur des sols moyennement riches en sels nutritifs - bien pourvus en matière organique mais relativement pauvres en azote -, engorgés par une nappe temporaire proche de la surface, en situation généralement bien éclairée (mais pouvant tolérer un certain ombrage). Les stations sont soumises à des crues périodiques mais ne subissent aucune action anthropique (fauche ou pâturage). La structure est celle de prairies élevées (dépassant souvent plus d’1.5m) dominées par un petit nombre d’espèces sociales aux inflorescences vives. Sur le site, les espèces dominantes sont la Reine des prés Filipendula ulmaria et l’Epiaire des marais Stachys palustris.
  • 2- Mégaphorbiaies poussant sur des sols riches, régulièrement enrichis en sels nutritifs par les dépôts alluviaux et soumis à des crues d’intensité variable, en situation éclairées : fossés traversant les prairies, lisières de forêts riveraines, stations subissant de fortes oscillations de la nappe, prairies sous-exploitées... Il s’agit, comme les précédentes, de prairies élevées, d’allure souvent luxuriante et souvent dominées par diverses espèces sociales très dynamiques qui ont tendance à exclure les espèces moins concurrentielles : Grande ortie Urtica dioica, Baldingère Phalaris arundinacea, Liseron des haies Calystegia sepium etc.

ESPECES INDICATRICES

-  1 - Reine des prés Filipendula ulmaria, Epiaire des marais Stachys officinalis, Grand pigamon Thalictrum flavum, Guimauve officinale Althaea officinalis, Valériane officinale Valeriana officinalis, Angélique des bois Angelica sylvestris, Lysimaque commune Lysimachia vulgaris, Consoude officinale Symphytum officinale, Euphorbe des marais Euphorbia palustris

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  2 - Grand liseron Calystegia sepium, Epilobe hirsute Epilobium hirsutum, Eupatoire chanvrine Eupatorium cannabinum, Baldingère Phalaris arundinacea, Epilobe à petites fleurs Epilobium parviflorum, Grande ortie Urtica dioica

Inflorescence d’Epiaire des Marais (photo : J. Terrisse)

VALEUR BIOLOGIQUE ET ESPECES ASSOCIEES

Ce sont surtout les mégaphorbiaies mésotrophes qui présentent un intérêt botanique avec la présence de plantes en voie de disparition dans les plaines de l’ouest comme l’Euphorbe des marais ou en fort déclin comme le Grand pigamon.

Les mégaphorbiaies eutrophes accueillent une flore beaucoup plus banale, à forte tendance nitrophile, et hormis le cas particulier de l’Angélique des estuaires sur les berges de la Charente, ne présentent pas d’intérêt botanique particulier.

Les mégaphorbiaies de tous types constituent en revanche un biotope de choix pour une entomofaune (insectes) très diversifiée qui exploite les inflorescences prolifiques de certaines dicotylédones (insectes phytophages).

Inflorescence de Grand Pigamon, exploitée par des carabes (photo : E. Champion)

MENACES

Les mégaphorbiaies sont en régression partout du fait de l’intensification de l’agriculture - utilisation plus intensive des prairies ou, plus brutalement, transformation de celles-ci en cultures - et ne subsistent le plus souvent que sous la forme de linéaires plus ou moins dégradés.

Elles peuvent réapparaître toutefois à la faveur d’une coupe dans la forêt alluviale et peuvent se développer - quoique sous une forme appauvrie - sous les plantations extensives de peupliers ne subissant ni labour du sol ni traitement chimique de la végétation spontanée.

L’eutrophisation générale des cours d’eau par les activités humaines (agriculture, rejets urbains) tend également à dégrader fortement l’habitat.

 

ELEMENTS DE GESTION

Les mégaphorbiaies sont fondamentalement des habitats transitoires qui, en l’absence d’intervention, finissent pas retourner à la forêt auxquelles elles sont liées dynamiquement. Dans ces conditions, la meilleure gestion consiste à laisser évoluer la dynamique forestière naturellement, les mégaphorbiaies se maintenant alors en lisière de celle-ci, dans des clairières naturelles ou à l’occasion de coupes de bois.

 

En savoir plus...

-  Fiche générique du Cahier d’Habitats National, habitat 6430

Auteur : Jean Terrisse - LPO 2007
Crédit photographique : Emmanuelle CHAMPION, Jean TERRISSE
Cartographie SIG : Jean TERRISSE - LPO 2007